La mousse sombre et tiède a beau être confortable pour ses petites ballerines, elle n'en devient pas moins terriblement lisse et glissante, dénuée du moindre appui. Quitter cette colline se révèle finalement être un sacré défi.
On peut penser que descendre en courant ou sur les genoux est un bien meilleur pari, mais la petite fille, elle, est une lady. Il est donc hors de question qu'elle ne conserve pas sa démarche de demoiselle élégante.
Seulement, dans cette descente, même en prenant toutes ses précautions, l'élégante démarche de jeune demoiselle se retrouve bien mise à mal... Cette mousse auparavant si amicale se fait terrible ennemie dans de telles circonstances, et voici la petite fille à maudire la plante alors qu'elle progressait lentement, pas après pas, manquant plusieurs fois de tomber dans ce qui semble pour l'instant le vide... Tout est tellement noir par ici.
D'DIIIIIIIIIIIIIIIINNNNNNNNNNNNNNNNNNNGG
Le bruit ne s'arrête pas, c'est assourdissant. Privée de ses sens tant elle a été sonnée, son pied glisse de son maigre appui et elle s'écroule au sol, glissant le long de la pente. Adieu le gracieux maintien d'une demoiselle... Mais elle se crispe surtout, le son qui la transperce de toute part continue, encore et encore, de retentir. Il semble venir de loin, il semble pouvoir anéantir toute vie d'ici de sa simple résonance.
La petite fille se demande dans ses pensées brouillées si elle ne va pas mourir comme cela, s'il s'agit de la raison pour laquelle elle n'a rencontrée personne et que tout est si sombre : tout a-t-il été anéanti par ce bruit qui sonne en maître des lieux ?
Recouvrant la vue, elle se relève en un sursaut : la voilà au pied de cette colline imposante... Elle a finalement glissé tout le long. Mais comptait-elle réellement descendre tout ceci à pied ? Vu d'ici, il est même impensable de remonter en sens inverse.
La petite fille tourne aussitôt la tête en tout sens : quelqu'un l'a-t-il vue ? Ah, elle mourrait de honte si c'était le cas ! Mais elle constate sur elle-même qu'elle ne s'est pas même salie et qu'elle n'a aucune éraflure... C'est déjà cela de gagné.
Seulement même au pied de cette gigantesque colline, il n'y avait toujours personne... Mais l'hypothèse du bruit la fait rudement réfléchir... D'ailleurs, finalement, cela ressemblait fort à la sonnerie d'une horloge... Une sonnerie très puissante. D'où a-t-elle bien pu provenir ?
On peut mieux regarder le paysage d'ici, tout semble s'auto-éclairer d'une sombre lumière, mais il est à présent possible de distinguer le paysage : la mousse paraît toujours régner sur le sol, mais la petite fille peut discerner les contours de bâtiments dans le non-loin. Peut-être est-elle sur le point d'enfin parvenir à trouver des gens, et donc des réponses !
Prenant l'air de rien, et surtout pas d'une fille qui venait de glisser à même le sol sur plus d'une centaine de mètres, la voilà qui se dirige à pas curieux vers cette nouvelle destination, les nerfs en pelote d'avoir été tant malmenés depuis son réveil.